あしびきの 山鳥の尾の しだり尾の
ながながし夜を ひとりかも寝む
Traduction
Comme la longue queue qui traîne d’un oiseau des montagnes, la nuit semble traîner aussi en longueur, ainsi vais-je dormir seul ?
Kakinomoto no Hitomaro
Explications
Seul pendant la nuit, l’auteur exprime sa tristesse en faisant une analogie avec l’oiseau des montagnes.
C’est en automne que les nuits deviennent de plus en plus longues. Séparé de celle qu’il aime, l’auteur se lamente de dormir seul pendant cette nuit qui lui semble plus longue que d’habitude. Dans cette calme nuit d’automne, passant son temps à penser à elle, il retranscrit tristement le désir d’être à ses côtés.
L’auteur compare cette longue nuit avec la longue queue que portent les mâles des oiseaux des montagnes. De plus, il compare la solitude avec les mœurs de cette espèce. Les mâles et les femelles passent leurs temps ensemble pendant la journée, mais lorsque la nuit arrive, une ancienne rumeur raconte qu’ils dorment séparément dans les vallées.
Précisions
Qu’est-ce que « l’oiseau des montagnes » ?
L’oiseau des montagnes est une sorte de faisan endémique du Japon, il vit dans les régions de Kyūshū, Shikoku et les montagnes de Honshū. La longueur de la queue des mâles mesure de 40 à 90 centimètres. Cet oiseau évoquait souvent la solitude et la tristesse de ne pas pouvoir dormir avec la personne qu’on aime.
Auteur
Kakinomoto no Hitomaro 「柿本人麿」 660-724
On connait peu de choses sur lui, son nom n’apparaît pas dans les chroniques officielles. Les seules informations connues résident dans le Man’yōshū, première anthologie qui regroupe 4 516 poèmes, dans laquelle on trouve 94 des siens. Il aurait servi de poète pour les nobles de la cour et les empereurs, notamment l’impératrice Jitō.
Il était particulièrement habile pour composer des hymnes, des chants funèbres et des poèmes d’amour. Son style très créatif était orienté sur les jeux de mots et les rimes. Il inventa également de nombreux mots d’accompagnement originaux pour son époque. Il est l’un des trente-six grands poètes sélectionnés par Fujiwara no Kintō.
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